« J’étais devenu un exécutant. Je n’étais plus un chef d’entreprise ». C’est ainsi que Gilles Chauvier, en Gaec avec 3 associés sur une ferme laitière, avicole et porcine, de 78 hectares, justifie son passage à l’AEI. « À chaque problème, je demandais conseil à un technicien et j’achetais les produits indiqués pour les résoudre ». Aujourd’hui, l’observation, l’anticipation, sont des règles sur son exploitation. « Il m’a fallu contourner 30 années de formatage et je me sens bien mieux dans mon métier ». L’agriculteur n’ a pourtant pas révolutionné ses pratiques. Pas à pas, il a réalisé des essais sur ses parcelles. Des essais qui l’ont mené au « sans labour », à une plus grande autonomie fourragère, grâce à l’implantation et à la récolte des couverts (avoine brésilienne-vesce), aux rotations plus longues ou encore à la baisse d’utilisation de produits anti-mouches dans ses porcheries d’engraissement. « Tout simplement en évitant la formation des croûtes sur le lisier grâce à un malaxage efficace ». L’éleveur accorde désormais beaucoup d’importance à l’observation des auxiliaires des cultures. « L’implantation de haies a permis de réduire fortement les produits anti-limaces. Les carabes font le travail ». Des mesures simples et de bon sens, qui ont donné une motivation supplémentaire à l’agriculteur et à ses associés.

Avancer en groupe

Les traitements insecticides ont disparu. Les intrants sont en forte baisse. Gilles Chauvier ne s’interdit pourtant pas le recours aux produits phytosanitaires, quand le besoin se fait sentir. « Nous venons d’acquérir une bineuse pour désherber le maïs. A 4 exploitations », précise t-il. Les échanges en groupe lui semblent essentiels. « Le groupe est à l’origine de notre évolution. Nous avons fait des formations ensemble, où nous étions acteurs. Sur différents sujets que nous souhaitions développer, nous invitions des chercheurs, des techniciens, avant les visites de terrain. Les initiatives partaient du groupe d’agriculteurs et non pas d’un quelconque organisme ».
Les essais réalisés par chaque producteur, chacun dans son coin, sont très bénéfiques lorsqu’ils sont partagés. « C’est un gain de temps important car on évite de faire les mêmes erreurs ». L’exploitation de Gilles Chauvier faisait partie du réseau Farre. « Un système sans doute trop élitiste et trop contraignant. L’AEI laisse plus de liberté. Chacun avance à son rythme ». Rien n’est figé, rien n’est écrit. Le prix des intrants et de l’énergie, en constante hausse, incite, quoi qu’il en soit, les agriculteurs à raisonner leurs pratiques, que l’on baptise le concept AEI ou pas.

Source Article Paysan Breton

Auteur : Bernard Laurent

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